La bête immonde aux portes du pouvoir
J'en connais qui hésitent, et d'autres qui font leur fine bouche, pouah Macron, pas question, et qui préfèrent s'abstenir ou voter blanc et laisser les autres décider pour eux.
Et ça me rend folle, putain.
Peut-être que ces gens-là n'ont jamais vécu en PACA, je me dis, en essayant de rester calme. Ni dans aucune de ces régions où le FN est déjà implanté, dominant et plein de morgue puante et agressive.
Dans ces régions, dans ces villes, où leurs idées sont déjà appliquées, où les masques sont tombés. Là où les les menus de substitution et les subventions pour les cantines, pour les associations de quartiers, pour les colonies de vacances sont déjà supprimées. Là où chaque conseil municipal est devenu une arène où les opposants au FN sont privés de parole, humiliés, agressés. Là où tout espoir d'entente cordiale et respectueuse entre les communautés est devenue impossible.
Peut-être que ce gens-là n'ont pas d'amis, de voisins, de collègues de travail « issus de la diversité », je me dis, en essayant de rester calme.
Ou sinon comment font-ils pour les regarder encore en face sans se sentir honteux, bordel ?!?! Que diraient-ils à la mère de mon amie Houcine qui pleure depuis une semaine en préparant sa valise, qui a peur que sa carte de séjour ne soit pas renouvelée et que ses petits-enfants subissent des ratonnades ?
Comment lui expliqueraient-ils qu'ils s'en lavent les mains ???
Ont-ils oublié l'Histoire, ces cons-là ? je me demande, effarée. Le désespoir du peuple et les Boucs Émissaires qu'on leur brandit comme la cause de tous leurs maux, la peur qu'on entretient, la haine qu'on attise, le populisme qui divise pour mieux régner, ça ne leur rappelle rien ??
Sont-ils vraiment prêts à prendre ce risque-là ???
Ils sont vraiment prêts à s'abstenir de dire NON alors qu'ils en ont encore l'occasion, le droit ???
Alors qu'ils en ont le devoir, même, putain ! CHAQUE voix va compter. C'est trop facile de se donner bonne conscience en se disant « bah, elle gagnera jamais, les autres cons vont aller voter, eux, ça passera large ! »
D'ailleurs, je voudrais rappeler aux mélanchonistes qui passeraient par là et qui estiment que ça « salirait leur honneur » de voter Macron, ce que disait leur héros (insoumis mon cul, soumis comme les autres à l'ivresse du pouvoir et qui tente, en panique, de capitaliser du mieux possible ses 7 millions de voix, n'osant prendre position clairement de peur d'en perdre la moitié), ce qu'il disait, donc, en 2012, quand il en avait encore un, lui aussi, (d'honneur).
"Le vote d'extrême droite doit être réduit au minimum par nos propres forces. Quelle conscience de gauche peut accepter de compter sur le voisin pour sauvegarder l'essentiel parce que l'effort lui paraît indigne de soi ? Ne pas faire son devoir républicain en raison de la nausée que nous donne le moyen d'action, c'est prendre un risque collectif sans commune mesure avec l'inconvénient individuel." (JLM, 2012)
Oui, "quelle conscience de gauche peut accepter de compter sur le voisin pour sauvegarder l'essentiel parce que l'effort lui paraît indigne de soi ?"
La réponse est AUCUNE. Sinon, que ce soit « de gauche » ou « conscience », il y a forcément au moins un mot en trop.
Et ne me parlez pas de Macron, hein. Ne venez pas me dire que l'ultra-libéralisme est autre fascisme, qu'il est la cause et qu'il fait le lit du FN, blablabla, etc.
ON S'EN FOUT, de Macron. Il y aura les législatives, après, pour lui faire savoir ce que vous pensez de lui.
Ce gars de chez Charlie traduit bien ce que je pense (et avec moins de gros mots) :
« Pas de kif-kif bourricot pour moi, désolé. Il n’y a pas de comparaison possible entre la peste et une angine. Ceux qui prétendent le contraire sont des pourris gâtés qui mériteraient d’être réincarnés en opposants à Poutine, le suzerain du FN. Les raisonnements du type « Macron aujourd’hui, c’est Le Pen dans cinq ans, donc je ne vote pas » me semblent relever davantage du masochisme que d’une réflexion cohérente élémentaire. Sans oublier l’hypocrisie. Comment peut-on affirmer détester Le Pen, son racisme crasseux, son nationalisme socialisant, son antisémitisme soigneusement refoulé mais toujours suintant, et aller à la pêche au lieu de voter ?… Pour moi, dimanche 7 mai sera une journée où je vais enfin jouir profondément, pleinement. Finis, le bla-bla antiraciste et les poses outrées, place à l’action. Prendre un bulletin « Macron », le glisser dans l’urne – dans la gueule de l’hydre ! Ce n’est pas tous les jours que l’on a la possibilité de faire mal à Le Pen. Concrètement. À mon modeste niveau. Pas question de rater ça. Puis au lit, avec une bonne tisane. Ça se soigne, une angine. Peut-être même que ça fortifiera l’organisme. »
(Iegor Gran, 26 avril 2017)
Bon, allez, déconnez pas. Vous, les gens qui hésitez encore, et toi, qui te dis de gauche et qui me lit parfois, je le sais. Et que j'estime même si tes doutes me mettent en rogne -et c'est peu de le dire.
Ne sous-estimez pas le danger.
Chaque voix va compter.
Dans le camp d'en face, ils ont flairé l'enivrante odeur du Pouvoir Suprême à portée de leurs griffes et ils vont se déchaîner, vous verrez. Ils vont sortir l'artillerie lourde et ils vont ratisser large, du plus rance au plus désespéré, des fillonistes déçus aux abrutis qui ont « juste envie d'essayer autre chose, pour voir ».
Tous les sondages disaient que Donald Trump ne passerait pas.
Ne l'oubliez pas.
« La vague du national-populisme qui a déferlé en Amérique peut, si nous n’y prenons pas garde, nous submerger également. Marine Le P. est notre Trump. Leur vision du monde est la même, les solutions qu’ils préconisent sont identiques. Le repli et le rejet sont les clés de voûte de leur doctrine politique. Pour eux, il n’y a de salut que dans l’isolement, la séparation, je n’ose dire l’apartheid, mais une forme d’apartheid tout de même, rampant, qui ne dit pas son nom, qui prône le chacun chez soi, le chacun pour soi.
Derrière le protectionnisme de bon aloi, l’érection des murs et des frontières, l’impérieuse nécessité de vivre entre nous, arc-boutés sur notre «identité», comme sur une île, il y a l’idée que les autres, par leurs croyances différentes, leur culture, leur nationalité sont dangereux, qu’ils menacent notre intégrité, qu’ils nous envahissent, qu’il faut les tenir à bonne distance. Cette idée-là, au cours du siècle passé, a produit les pires tragédies.
Au motif fallacieux de combattre le terrorisme, Trump ne fait que fournir des armes aux terroristes du monde. «Rendre la haine pour la haine multiplie la haine, ajoutant une obscurité plus profonde à une nuit sans étoiles. L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité : seule la lumière peut faire cela», écrivait Martin Luther King un an avant son assassinat. Nous sommes aujourd’hui à un nouveau tournant: soit notre civilisation poursuit son développement, soit elle s’enfonce à nouveau dans les ténèbres.
Nous devons y prendre garde et nous mobiliser maintenant. Nous réveiller plutôt. Cette élection présidentielle est notre chance, mais pourrait bien être notre cauchemar. »
(Karim Amellal)
Bon allez, déconnez pas.
Il n'y a pas d'alternative, pas de question à se poser.
Une seule urgence, ne pas la laisser gagner.
Et tout n'est pas joué, ne vous laissez pas berner par les sondages.
Votez dimanche.
Sinon je vous prédis pour lundi la pire gueule de bois de votre vie.
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