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vilaine fille **
11 avril 2015

clic clic clic faisaient ses doigts sur le clavier

 

3321

 

 

Clic-clic-clic-clic faisaient ses doigts sur le clavier. Parfois il s'arrêtait, son Zippo claquait, la bonne odeur de son tabac blond venait en volutes me caresser le nez. Puis le léger cliquetis des touches recommençait.

Rien d'autre ne se passait. Pas un mot, pas un geste. Il ne se levait même pas pour changer le CD, qui passait en boucle et en sourdine.

 

J'étais comme une statue.

Le fracas des vagues, le tournis des sentiments contraires, l'explosion des couleurs, c'était à l'intérieur.

Oh l'infâme surdoué Salaud. Chaque détail semblait pensé pour mieux me tourmenter.

Ma tenue, ma posture. L'immobilité et le silence imposés. Sa place dans l'angle mort, qui m'empêchait de savoir s'il me regardait. Le bruit du clavier tapoté sans répit, comme pour que j'en sois jalouse.

Pas besoin de long discours. Tout était dit dans ce seul tableau que nous composions, lui et moi. Mon statut, son pouvoir. Les causes de l'intérêt qu'il me portait, exposées aux quatre vents. Pas mes yeux ni mes mots, donc, les choses étaient bien claires. Tout loisir m'était offert d'en prendre bien conscience à chaque instant, à chaque souffle d'air dans la vallée, à chaque ballottement des dunes dans la vide.

 

 

Tu es à moi.

On dirait que c'est moi qui commanderais et que je pourrais faire tout ce que je veux avec toi.

Et tu as dis même pas chiche, avec ton petit sourire et ton regard provocant et anxieux à la fois, comme si tu pressentais le danger, comme si tu savais qu'il était déjà trop tard pour reculer.

Ma téméraire petite pute. Qui croyait qu'il suffirait d'un porte-jarretelles et d'une paire de bas pour remplir ton rôle et recevoir les coups de queue que tu étais venue chercher.

Je t'ai fait mettre nue, pour commencer, tu te souviens ?

Il n'y avait pas un quart d'heure que tu étais arrivée, tu souriais, timidement posée sur un coin du canapé, les cuisses serrées, les bras croisés, tu jouais à la forteresse imprenable, drapée de dignité, comme une femme à son premier rendez-vous, qui laisse entendre qu'elle reste à conquérir, qu'elle ne couchera pas forcément le premier soir.

Tu avais oublié que c'est une catin que j'avais invitée chez moi.

« Gratuite et soumise, salope et sensuelle », tout le tintouin. Tu n'y étais pas allée de main morte pour te vendre à moi. J'avais aussi eu droit à un CV détaillé qui faisait état du nombre de tes amants et tes divers exploits à deux ou à trois, comme pour bien me persuader que ce n'était pas à une oie blanche effarouchée que j'aurais à faire.

Tu avais même précisé que tu étais «  de celles qu'on encule ». Oh la charmante formule, que je devinais avouée avec une honte humide. Comme le bout d'un vibro placé à un endroit sensible, que tu aimais agacer même sans qu'on te le demande.

Je m'étais empressée de te rassurer. Je t'avais même promis de commencer par là.

Déshabille-toi, j'ai dit.

Enivrant spectacle que celui de ton visage à ce moment-là. Tous ces mots qui défilaient dans tes yeux, ce masque que je t'arrachais, qui exposait ton âme nue, tous ces secrets que tu m'avais murmurés du bout des doigts, cachée derrière ton écran et que j'ordonnais d'assumer, là, devant moi, maintenant, tout de suite.

J'aurais voulu filmer ta honte, ta peur, et cette lueur un peu folle, un peu fière qui brillait aussi dans tes yeux quand tu t'es levée et que tu as commencé à ôter tes habits. Une sorte de joie guerrière, comme si tu avais enfin trouvé un adversaire à ta hauteur, orgueilleuse petite pute.

 

Tu as vite compris que tu avais mal mesuré...

 

Tu te souviens ?

 

 

 

Je me suis souvenue de la première fois. Soutien-gorge pigeonnant, courte jupe à zip, porte-jarretelles, culotte transparente, bas, talons aiguilles, j'avais sorti le grand jeu, je pensais lui faire une bonne surprise. Ou au moins un peu l'impressionner. Je n'en avais connu aucun qui n'y soit pas sensible, et j'y puisais un peu d'assurance, l'espoir de me présenter à lui pas tout à fait désarmée, pas tout à fait convaincue d'être incapable de lui plaire un peu.

Tu parles. Il m'avait TOUT fait enlever, sans y jeter un regard.

Sauf sur ma culotte, qu'il avait récupérée, roulée en boule et fourrée dans ma bouche.

J'avais craint de mourir. Ou de vomir, ou de m'évanouir. Le contact du tissu sur mes dents me rendait folle, m'était insupportable depuis l'enfance. Mais ce n'est évidemment pas le genre de précision que l'on pense à donner quand on dresse la liste de ses tabous sexuels et il n'en savait rien. Il prenait mes couinements désespérés et mes yeux agrandis d'horreur pour du cinéma, il souriait en levant les mains et disant mais je ne vous ai encore rien fait !

 

La statue se fissurait. S’amollissait ici, se cambrait là. Tendait les fesses, basculait le bassin avec une impudeur de moins en moins contenue.

J'avais mal aux genoux, aux coudes, aux épaules, au cou. Et ailleurs ça brûlait, ça mouillait, ça pointait et pesait, ça réclamait son dû, le paiement de la honte.

J'avais compris la leçon et pris conscience de ma bassesse, de Son Pouvoir, de tout ce qu'il voulait, mais il fallait qu'il en fasse usage, maintenant, de ce corps que je tenais en laisse et exhibais depuis une heure ! Qu'il le prenne, le force, le fouette, le fouille ! Qu'il me donne du plaisir puisque moi je lui donnais ma dignité, c'était le deal !

Et il pouvait y mettre les doigts et me fixer en haussant les sourcils comme s'il était surpris et presque choqué, je ne baisserais pas les yeux, cette fois-ci.

 

 

 

 

Tu étais trempée. Huilée, glissante. Et ton petit air affolé n'y changeait rien. Comédienne. Ce n'était pas une femme en souffrance qui coulait sur ma main. Dire qu'un instant j'avais failli te croire et me trouver trop dur, pour cette première fois. Alors que ta chatte bavait comme une bouche avide, prenait mes doigts, les serrait comme pour qu'ils ne repartent plus.

Ta honte à ce moment là. Quand tu as senti comment j'entrais facilement, comment ton corps trahissait, dominait tes pensées, ta pudeur, tes peurs.

Tu étais nue devant moi pour la première fois alors qu'on se connaissait à peine, rien ne te disait encore que je n'étais pas l'Hannibal Lecter que tu redoutais toujours de croiser, tu avais la bouche pleine de cette jolie culotte en dentelle que tu avais achetée exprès pour que je l'admire sur l'arrondi de tes fesses, j'en suis sûr, tu couinais sourdement comme si j'allais t'égorger ou je ne sais quoi,

et pourtant tu mouillais comme la dernière des salopes.

 

Tu as baissé les yeux comme pour t'enfuir, te cacher. Tout en tendant les hanches, en cherchant me faire venir plus loin.

Fascinant vertige que d'assister à, de provoquer, cette danse, cette guerre entre ton orgueil et ta putasserie, ma jolie, comment le dire autrement ?

Juste avec deux doigts.

 

 

Et puis ta jolie culotte est tombée sur mes pieds.

Crachée.

Et tu m'as regardé avec ce petit sourire contrit/insolent/désolé/provocant que tu sais si bien faire. Le sourire qui semble à la fois dire j'ai pas fais exprès et le contraire.

Enervant, le mot est faible.

 

 

Ce qui a suivi tu l'avais bien cherché, avoue-le.

 

 

 

 

(...)

 

 

 

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D
superbe
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vilaine fille **
vilaine fille **

- Débauchée, luxurieuse, corrompue, déréglée, voluptueuse, immorale, libertine, dissolue, sensuelle, polissonne, baiseuse, dépravée, impudique, vicieuse. Me baisant la main avec une feinte dévotion. - Et malgré tout ça, je veux qu'on m'aime. (Calaferte)
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