L'art raffiné de la subtile torture

28 juin 2015

L'art raffiné de la subtile torture

Ca se joue en quelques mots,

une phrase souvent glissée en fin de message, ou juste avant de raccrocher.

« Ah, j'allais oublier. Vous apporterez aussi des gants en latex de bonne qualité », par exemple.

Ou « je sais déjà ce que je vais en faire », après une devinette perdue pour laquelle j'avais innocemment donné ma langue au chat.

Rien de plus. Et ce n'est évidemment pas moi qui vais le questionner pour en savoir davantage. Trop peur de sa réponse. Trop effrayée à l'idée qu'il me demande de préciser mes inavouables craintes.

Alors je cogite, j'imagine, j'angoisse. Des jours, parfois des semaines.

Je mise sur sa mémoire capricieuse tout en sachant qu'à ce jeu-là aussi, je perds à tous les coups. Car il n'oublie que ce qui l'arrange, bien sûr.

Non, je me dis, il n'osera pas. C'est juste pour me faire peur. Pour que je ne sois pas seulement heureuse de le revoir. Pour me donner une idée de ce qui pourrait m'arriver si.

Mais ça me rassure trois secondes. Et des souvenirs bouleversants me reviennent. Et son regard quand il est noir et que je comprends d'un coup où il va m'amener, au coin d'une cabine de douche ou sous la braise, bien loin de tout ce que ma pauvre imagination avait pu craindre, et sans que je ne fasse rien (ou si peu!) pour déclencher son ire, pour enflammer la mèche.

Que je sois parfaite n'y changerait rien.

Délices et tourments.

Quelques mots, une phrase, juste pour que je n'oublie pas.

Qui est qui et que cela a un prix.