juste à genoux
La fille qu'il a rencontrée semble aimer les ordres et la fessée.
Il me demande des conseils, comment procéder, quels accessoires acheter.
Ah ah, la piquante ironie. C'est comme si on demandait à un Soudanais
sous-alimenté la recette d'un bon poulet-coco.
Ça donne envie de lui balancer notre gamelle vide en pleine gueule.
Mais, et quand bien même (je serais sereine et comblée et disposée à lui répondre
gentiment) ?
Il croit quoi ? Qu'il y a des recettes toutes faites, des séances-types ?
Que toutes les soumises se ressemblent ?
Que ce qui me plaît à moi lui plaira à elle ?
Il y a des filles qui veulent souffrir. Qui ne bronchent pas sous les coups de fouet.
Qu'une torture à la plume ferait soupirer d'ennui.
J'en ai croisé d'autres qui se comportaient en reines, qui n'aimaient rien de mieux
que d'être honorées par leur Maître devant un cercle de spectateurs qui n'avaient
pas le droit de toucher.
Il y a celles qui rient quand les pinces les mordent. Celles qui ne mouillent
que sous les insultes.
Il y a les vraies, les fausses, les bizarres.
Qu'est-ce que j'en sais, moi, de la meilleure façon de lui donner du plaisir,
à cette fille-là ?
Rien.
J'ai déjà bien assez de mal avec mes propres désirs...
Qu'est-ce que tu aimes, toi ? il me demande aussi.
Ah ah. Décidément, mônsieur a de l'humour.
Et l'art de poser son doigt là où ça (me) fait mal.
Tout, j'ai envie de lui répondre. Tout ce qui ne serait pas ce Rien.
Mais en même temps je sais que non.
Je sais que c'est plus compliqué que ça.
Parce que si j'aimais tout j'en serais pas là.
Tout, oui, mais pas avec n'importe qui...
(à suivre)