le château du Pirate (1)

1 novembre 2015

Elle avait toujours été traitée comme une princesse aussi ne s'étonna-t-elle pas lorsqu'Il arrêta la voiture devant une sorte de vieux château de conte de fées. Elle se retint de battre des mains comme une gamine et se contenta de sourire à l'Homme en secouant la tête, l'air de dire « Oh mais Vous êtes fou, je ne mérite pas un telle merveilleuse surprise » alors qu'elle pensait exactement l'inverse, au fond. Et elle imaginait déjà un dîner aux chandelles et au champagne, un feu dans la cheminée, et des tortures raffinées douces comme du piment d'Espelette, juste histoire d'épicer la soirée sans piquer.

L'Homme ouvrit le coffre, attrapa leurs sacs.

- Ça va plait ? C'est un peu décrépit mais...

- Oh non, j'adore ! La vieille grille, les roses sauvages...C'est trop beau !

Il la fixa, hésita, puis renonça à lui faire remarquer qu'une fois de plus, elle venait de lui couper la parole. Il se contenta de fermer le coffre, et de lui tendre les deux sacs.

- Tenez. C'est vous l'esclave, non ?

Elle ouvrit puis referma la bouche -enfin-, et il se délecta du vacillement de son regard quand le rappel de la situation la percuta.

Néanmoins, elle tendit la main, et accepta la charge avec un sourire bravache, presque insolent.

- Oui, donnez, je vais les porter. Ne vous fatiguez pas.

Il se mit à bander. Cette petite pute allait prendre cher.

Et le pire -le meilleur?- c'est qu'il ne savait même pas si elle faisait exprès de le provoquer ou si elle était vraiment inconsciente des dangers qu'elle courait.

Il alluma une cigarette et la suivit en souriant tandis que, lestée par les deux sacs, elle remontait l'allée envahie d'herbes folles en ondulant maladroitement sur ses talons aiguilles.

(...)