au coin

 - Mais...

 - Je parle chinois ou quoi ? Ne m'obligez pas à répéter.

Il a croisé ses pieds sur la table basse, a repris son livre et à fait un geste du menton vers l'angle de la pièce où j'étais censée passer une heure (UNE HEURE ! Et pourquoi pas un an, pendant qu'il y était ?)

 - Là-bas. Et taisez-vous.

La discussion était close, apparemment. Ben voyons. Bravo la démocratie.

J'ai soupiré pour exprimer ce que je pensais de cette décision injuste et de cette attitude totalitaire mais sans autre effet que de le faire ouvrir son livre et baisser les yeux dessus. Comme si l'affaire était réglée et que je n'existais plus.

J'ai fermé mon clapet et obéi. Courageuse mais pas téméraire. Car son air calme était trompeur, je le savais. Je gardais un souvenir précis et fort cuisant de sa dernière colère froide, et de ce seul petit sourire de trop qui l'avait déclenchée.

Arrivée dans l'angle de ce fichu mur, j'ai soupiré encore. Histoire qu'il comprenne, quand même, que je n'avais pas besoin de cette punition infantilisante pour comprendre mon erreur. On était plus à la maternelle, bordel.

 - Il est vingt heures dix. Je ne veux plus vous entendre jusqu'à vingt-et-une heure trente. Et n'oubliez pas de méditer sur votre sort.

Comment ça vingt-et-une trente ??? Il me rajoutait vingt minutes d'un coup et sans raison et je ne devrais rien dire ?

C'est pourtant ce que j'ai fait. Décidant de ne pas me rabaisser à chipoter pour si peu, de ne pas répondre à la provocation.

Et puis vingt minutes qu'est-ce que c'était ? Une poignée de secondes.

Pfff... même pas peur.

J'ai pris place. « Debout, les mains sur la tête, les pieds dans le prolongement des épaules, les reins cambrés, la bouche ouverte, la langue tendue », sans rien oublier de ses consignes.

Il voulait pas que je m'enfonce le gros orteil du pied gauche dans la narine droite, en plus ?

(...)

Comments

[vilaine fille]

Facile !

[British Rebell]

Pourquoi pas ?

Vous en seriez capable au moins ?